Souvent décriés pour leurs plateaux sombres, leurs tirs répétitifs en plein milieu ou leur aspect, les pinball 2000 ne plaisent pas à tout le monde. J’ai déjà entendu « c’est un flipper ça ? » ou « pas étonnant qu’ils se soient plantés ». Et pourtant, ces flippers ne manquaient pas de ressources. C’est pourquoi je me permets de vous présenter quelques éléments purement techniques qui vous montreront que l’on était pas loin d’avoir les plus aboutis des flippers.
La caisse:
Légèrement plus petite en longueur et en largeur. Elle présente l’avantage de ne pas avoir d’épaulement au niveau du fronton. On peut donc le passer facilement même si l’embrasure de la porte est juste. Le démontage du fronton se fait très facilement: très peu de câbles à débrancher (4 ou 5) et seulement 4 vis à retirer à l’aide d’un clé BTR

La caisse possède un double système de clé qui devait permettre au cafetier de retirer la vitre pour décoincer une bille sans pour autant avoir accès à la recette.

Le plateau
Le plateau est légèrement plus petit qu’un WPC, mais plus grand qu’un système 11. Rien de choquant pour la prise en mains, surtout que les pinball 2000 sont très lourds; un jeu légèrement plus petit permet de conserver la possibilité de le nudger sans être musclor.

Le dessous du plateau est équipé de 2 arches qui permettent de le manipuler facilement et de le poser sans risque. De plus la longueur de câble permet de sortir complètement le plateau de la caisse.

Le plateau se déconnecte très facilement grâce aux connecteurs situés à l’arrière. A peine 3 minutes sont nécessaires pour déposer le plateau avec une grande facilité contre une grosse galère sur un WPC.

Une petite pièce de métal à la sortie du chargeur de billes évite de devoir les sortir à chaque lever de plateau. Simple, mais terriblement efficace

Les trous servant à aligner les flips ont été disposés à l’avant et non plus sur l’arrière, c’est beaucoup plus pratique car le plateau est relevé quand on serre les écrous du mécanisme. Le flip repose alors sur le cure-dent utilisé pour l’alignement.

L’électronique
Les pinball 2000 ont la particularité d’embarquer un vrai PC, dont l’accès se révèle très facile.

Il y a une alimentation AT, une carte-mère, un processeur (mediagx), de la ram: des produits informatiques devenus malheureusement rares.

Les autres composants sont spécifiques flipper: la carte prism (PCI) et une autre petite carte pour le son (à droite du boîtier, ce n’est pas une carte PCI, elle est connectée à la carte prism)

La carte prism contient le programme du jeu: pas de CDROM ni de disque dur. La carte sert aussi d’interface avec la carte de « puissance » qui gère les éléments du plateau. Cette dernière se trouve dans la caisse. Elle est protégée contre la chute d’éléments du plateau par un carter en plastique. Les transistors sont des MOSFET et sont gérés directement par le circuit logique. Il n’y a donc plus de pré-transistor. Les fusibles sont maintenant tous regroupés, et ils ont tous une led témoin permettant d’identifier très rapidement s’il manque un voltage.

Le système
Le flipper tournant sur un PC, il a fallu que WMS utilise un système d’exploitation. Le flipper étant quelque chose de sérieux, il fallait un OS stable, c’est donc un unix qui a été choisi. On peut se réjouir de ce choix: pas de fioriture, pas de virus, pas de plantage intempestif, je n’ai jamais vu mon revenge se figer, et pourtant je le fais chauffer !

Revers de la médaille, l’unix choisi est un unix commercial (XINU) qui a été modifié par WMS pour finalement porter le nom de XINA. Tout a été optimisé pour le type de processeur choisi à l’époque (mediagx): on retire du noyau les modules dont on n’a pas besoin (support des autres chipset intel, VIA...) C’est la raison pour laquelle on ne peut pas faire fonctionner un pinball 2000 sur un autre type de matériel informatique. Si WMS avait continué sa fabrication de flipper, nul doute que l’évolution logicielle aurait suivi, malheureusement la réalité est différente.
Le fait de disposer d’un écran permet d’afficher facilement les statistiques du jeu; pour certaines, c’est directement sous forme d’histogramme. L’affichage est sur l’écran est inversé mais on peut utiliser la vitre de fronton pour refléter l’écran, ça rentre pile-poil, j’en déduis que c’est prévu pour cet usage.

En mode test, l’emplacement des switchs est directement indiqué sur l’écran.

Il n’y a plus de circuit d’illumination générale (plus de connecteurs grillés), toutes les lampes sont commandées individuellement à travers 2 matrices. Un rapport de test indique même quelles sont les ampoules claquées.

On retrouve l’état et les caractéristiques des fusibles dans les diagnostiques.

Conclusion:
D’autres caractéristiques n’ont malheureusement pas pu être exploitées à fond, comme l’ajout d’une carte réseau. Même si celle-ci est supportée, quel serait son usage aujourd’hui ? L’exploitant pourrait connaître à distance les statistiques, les rapports de panne, lancer des commandes de diagnostique... Pour les joueurs, leurs high scores affichés à l'échelle mondiale, des tournois à distance, une webcam pour rajouter leur photo...
Contre le classique « c’était mieux avant », on ne pourra jamais rien faire. J’avais juste envie de vous montrer que techniquement ces jeux étaient très aboutis. La réalité économique ne leur a pas laissé le temps de s’imposer, dommage!